Présentation

Qui est l'artiste ?

Née le 15 mars 1991 à Kandal au Cambodge, Tassanee Alleau a longtemps cherché à trouver sa voie et à repousser les limites du corps contraint. Inscrite à l'Ecole supérieure d'Art et de Design de Tours depuis 2016 et en première année de doctorat d'histoire depuis 2019 au Centre d'études supérieures de la Renaissance, elle mélange ses diverses passions, persuadée que c'est dans un parcours pluridisciplinaire et atypique, semé d'embûches et d'échecs, que l'on peut briser les carcans, déconstruire son regard et retrouver ses origines pour mieux penser le monde. Qu'elle se trouve en milieu académique ou dans un milieu plus informel, elle a décidé d'adopter une position d'artiste-chercheuse, de chercheuse-artiste, toujours curieuse et déterminée. Elle préfère poser des questions et proposer des hypothèses plutôt que d'apporter des réponses.

Sa vision

Créer c’est… s’interroger sur la manière qu’a la mémoire de créer les souvenirs à la fois fragiles et éphémères et solidement ancrés et tenaces: comme autant d’aveuglements et de révélations. Les dessins, la peinture, sur des supports tels que le bois, le tissu ou le papier, les travaux d’écriture, les travaux sonores, les photographies, ne suivent pas un plan réfléchi, plutôt l’enracinement de la mémoire dans un enchevêtrement de rhizomes, d’images et de symboles labyrinthiques, dont on n’a pas forcément conscience mais qui restent « en -nous ». C’est aussi chercher des moyens de créer des archives des formes de la mémoire et de l’oubli, « im-père-manentes », pour les retrouver ensuite. Cet enchevêtrement prend la forme ambiguë de cellules-mondes, de paysages mentaux, organiques, végétaux, oniriques, sensibles. A travers cette pratique, se posent des questions sur l’identité, les origines biologiques, culturelles, sociales et affectives, les territoires de la « métaphysique » croisant ceux du biologique et la capacité du corps humain à faire le lien entre souvenirs vécus et non vécus, visibles et invisibles : comme si d’autres vies nous avaient précédé-e-s. « Avoir l’impression », le « déjà vu », l’« inné (-xistence) » et l’acquis, autant de notions pour saisir le lieu inconnu, la terra incognita de nos origines.

Ses questionnements

Comment l’esprit trace-t-il les limites et la circonscription de sa propre mémoire? Derrière la fine ligne qui contourne les souvenirs, y a-t-il forcément l’oubli comme abîme ? Peut-on circonscrire cette aire ou bien la dépasser : se souvenir de choses que l’on n’a pas vraiment vécues ? Les trous noirs et les absences prennent la forme d’amoncellements cellulaires dans un dessin à la frontière du rêve et de la réalité. A la manière d’une écriture automatique, sur des supports de papier, de bois ou de tissu, au gré des pensées, sans schéma particulier, ou du moins pas encore « conscientisé », le dessin, comme la peinture, ont des allures de cartographie réminiscente, lointaine, confuse, étalée dans le temps, changeante, impermanente, encrée là, se parant de traits fugaces, à un moment donné sans chercher à se reproduire, en expérimentant, en tâtonnant. Pourtant, le geste répétitif semble guider l’organisme vers sa propre métamorphose et la mémoire paraît se recréer de toute pièce autour de peurs, de silences, d’interdits et de mensonges. Végétal foisonnant, croissant, décroissant, le dessin se transforme sur la surface et s’enracine.